Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur  Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s’occuper des enfants mais pas d’utiliser les toilettes de la maison. 

Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s’apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même. Passionnant de bout en bout, “La Couleur des sentiments” a bouleversé l’Amérique et déjà conquis plus de deux millions de lecteurs, parmi lesquels un certain Steven Spielberg.

Kathryn Stockett nous offre un livre sublime, sur la suprématie des Blancs aux Etats-Unis, encore d’actualité dans les années 1960. Jusqu’où la cruauté humaine peut-elle s’étendre à cause du racisme ? L’américaine nous dépeint les journées de travail de deux nourrices Noires et du triste sort réservé à toute cette communauté en cas de “faux mouvement”. 

La population Noire à l’époque a ses propres bibliothèques, ses propres piscines, supermarchés, toilettes publiques, etc… Et gare à celui qui ne respecterait pas cela en se “mélangeant” aux Blancs… Les faits décrits par Kathryn Stockett sont saisissants, mais ils ont malheureusement existé.

Le récit est également marqué par la partie narrative dédiée à Miss Skeeter. Cette jeune fille Blanche décide dans le secret de tous de s’entretenir avec ces bonnes pour recueillir leur témoignage et tenter de publier un ouvrage. Malgré toute cette haine déversée gratuitement, l’auteure nous rappelle que l’espoir existe et qu’une révolution est possible.

La couleur des sentiments est une oeuvre capitale, inoubliable et indispensable ! Nous sommes en 2023 et les choses n’ont pas changé. 

Lisez La couleur des sentiments, partagez son histoire, faites le découvrir autour de vous. Ce roman le mérite.

Les Hirondelles de Kaboul est le onzième roman d’un auteur atypique. Dans un premier temps, il a signé ses écrits, des romans poétiques, de son nom Mohamed Moulesehoul. Ses histoires s’articulaient autour du Commissaire Llob et selon l’auteur c’étaient « des romans policiers pour divertir »1. La réception en fut ordinaire et il n’y eut pas d’écho particulier. Ce n’est qu’à partir de 1997 avec Morituri que l’auteur se mit à utiliser le pseudonyme de Yasmina Khadra. Entre-temps, il avait quitté l’uniforme de l’armée algérienne où il avait fait carrière.

Ses romans les plus connus relatent la récente tragédie qu’a traversée l’Algérie. Aussi bien A quoi rêvent les loups ? que Les agneaux du seigneur sont des productions qui se sont donné pour mission de décrire l’insoutenable. L’écriture tente de montrer combien peuvent être banalisées les tueries les plus immondes. Yasmina Khadra se pose en témoin d’une situation qui peu à peu dépasse les frontières d’un pays et se révèle universelle. Elle s’insinue dans la grille des valeurs et conforme les concepts à l’adaptation sinon au changement.

Ainsi notre propos sera de constater que le concept de l’absurde tel que supposé par l’écriture d’un Camus et tel que diffusé par l’enseignement académique est en train de muer, d’acquérir une nouvelle dimension au fil d’une littérature qui, au-delà de la scène décrite, atteint l’universel et l’interroge.

Les Hirondelles de Kaboul est une œuvre dramatique sur un couple éclairé et progressiste subissant la dictature religieuse et morale de Talibans corrompus et impitoyables. Au sein de la société précaire de l’Afghanistan, Yasmina Khadra évoque la violence du pays, mais aussi l'obscurantisme et les relations entre femmes et hommes. Le roman, premier tome d’une trilogie consacrée au conflit entre Orient et Occident, a connu un succès international, traduit dans 29 pays. Il s'est vendu à plus de 600 000 exemplaires.

Dans Les Hirondelles de Kaboul, les couples Atiq Shaukat avec Mussarat et Mohsen Ramat avec Zunaira se présentent au départ sans aspérité remarquable et sans qualité singulière. Atiq est chef de prison, il est malheureux en ménage parce que sa femme est à l’agonie. Il en souffre mais ne se résout pas à la répudier, pratique ordinaire et courante chez les autres, parce que se justifie-t-il, elle lui a sauvé la vie des années auparavant. Mohsen est issu d’une famille qui fut aisée. Etudiant, il a connu sa femme au campus. Elle est devenue avocate mais la révolution des talibans a réduit à néant leurs carrières et leur style de vie. Ils vivent d’expédients et sur les économies réalisées à l’époque, pas si lointaine, de leur faste.

Atiq traîne d’autant plus difficilement sa malvie, que sa femme s’efforce de remplir sa tâche ménagère mais ne trouve pas la force de répondre au désir de son mari. Elle le devine malheureux et ne l’acceptant que parce qu’elle lui a sauvé la vie des années auparavant. De son côté, Mohsen avoue à sa femme qu’il a participé à une lapidation de femme et qu’il en a éprouvé une jouissance coupable.

Devant ces aveux dictés par le désir de transparence et de vérité vis-à-vis de la femme qu’il aime, Zunaira réagit très mal et s’emporte. Par la suite, elle voudra se racheter et lui propose une promenade dans Kaboul. Mohsen dans un premier temps refuse avant de se laisser convaincre dans le but secret de se réconcilier avec sa femme. Dehors, après un contrôle humiliant, il va être sommé de rejoindre la cohorte de gens pour écouter un prêche. La bouillonnante Zunaira sera obligée de l’attendre sous un soleil de plomb, emmitouflée dans un tchadri étouffant. Elle en gardera rancune à son mari. Au retour à la maison, c’est la scène de ménage, l’épouse bouscule son mari sur la défensive, qui tombe à la renverse et se tue. Zunaira est condamnée expéditivement à la lapidation et emprisonnée dans la prison de Atiq.

Acculée par sa fin programmée, n’ayant plus rien à perdre et rongée par le regret, elle rejette son tachdri et demeure prostrée. Atiq découvre cette femme éblouissante de beauté et en tombe amoureux. Mussarat constate le changement chez son époux et sachant que sa maladie l’emportera dans quelques jours, elle propose de prendre la place de celle qui a rallumé la flamme de la vie et de l’envie dans les prunelles de son mari. La substitution se fait sans que Zunaira en soit informée car elle aurait refusé de laisser une autre se faire massacrer à sa place. Elle pense qu’elle doit son salut à l’intervention d’une personnalité sollicitée par Atiq. Celui-ci la fait sortir de la prison dans la confusion qui accompagne les modalités de l’exécution et lui fixe rendez-vous après la macabre manifestation qui se déroule en présence d’une foule dans un stade. Zunaira ne revient pas, elle disparaît dans la confusion. Atiq, fou de douleur et d’amour, court après chaque tchadri et soulève chaque voile qu’il rencontre dans l’espoir de retrouver Zunaira. Il meurt sous une bastonnade.